Filtrage anti-arnaque pour sécuriser l’internet : ce qu’il faut savoir

Les arnaques sur internet ont connu une croissance constante ces dernières années. Pour faire face à ce fléau, le gouvernement mettra en place un filtrage anti-arnaque dans le cadre de sa loi visant à sécuriser l’internet. Que cache cette mesure et comment fonctionne-t-elle ? Cet article fait le point.

La lutte contre les arnaques en ligne devient prioritaire

Pour mieux protéger les internautes des nombreuses escroqueries qui pullulent sur le web, la législation se durcit avec la validation finale de la loi visant à sécuriser l’internet, adoptée le 10 Avril dernier à l’Assemblée Nationale. Parmi les mesures prévues dans ce texte, on trouve notamment la mise en place d’un filtrage anti-arnaque destiné au grand public.

Ce filtre permettrait aux utilisateurs avertis de signaler des sites malveillants afin que ceux-ci soient mentionnés sur une liste noire officielle gérée par les autorités compétentes. Ainsi, si un site est répertorié comme dangereux, les internautes recevront un message d’avertissement lorsqu’ils tenteront d’y accéder via leur navigateur internet (Google Chrome, Firefox…).

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Un déploiement annoncé prochainement, mais des détails encore flous

La question du déploiement concret du filtre semble encore assez obscure. Interrogée par la presse, Marina Ferrari, Secrétaire d’État chargée du numérique, indique seulement que le dispositif devrait être opérationnel dans les mois qui viennent.

Sur le principe, les internautes pourront eux-mêmes signaler un site suspect à une autorité dédiée, qui décidera ensuite de la légitimité ou non de cette demande. En cas de validation, le site incriminé sera inclus sur la liste noire et bloqué par les navigateurs web participants.

De telles fonctionnalités existent déjà pour certains programmes antivirus, mais ce nouvel outil devrait permettre une uniformisation à plus grande échelle, afin d’être accessible au plus grand nombre d’utilisateurs possible.

Toutes les arnaques en ligne concernées ?

Fraudes au CPF (compte professionnel de formation), escroqueries autour des vignettes Critair, faux concours avec l’image d’Elise Lucet… Les domaines pouvant faire l’objet d’une inclusion dans la liste noire anti-arnaque sont nombreux. Les sites signalés seront probablement classés selon plusieurs catégories de dangers afin de faciliter leur traitement par les instances compétentes.

Il reste cependant à voir si tous les types d’arnaques seront effectivement couverts par le filtre annoncé. Certaines pratiques ont su se montrer très inventives pour tromper les internautes : il faudra donc s’adapter rapidement pour contrer les nouvelles menaces qui apparaîtront inexorablement.

Quid de l’autonomie des navigateurs et des libertés individuelles ?

Le rôle accru de l’État dans cette nouvelle régulation fait également naître quelques interrogations. Le fait que les navigateurs soient obligés d’appliquer ce filtrage émanant directement des autorités soulève la question de l’indépendance et de l’autonomie des acteurs du web.

De même, certains s’inquiètent des potentielles atteintes aux libertés individuelles : si la finalité est louable (protéger les internautes des arnaques), on ne peut exclure le risque que certaines entreprises en profitent pour bloquer l’accès à des sites concurrents ou que des pressions politiques soient exercées sur les contenus accessibles.

Les garanties proposées par les autorités

Pour rassurer les sceptiques, il faudra assurer un maximiseux dialogues transparence quant au processus de validation. L’autorité en charge de la gestion de la liste noire devra être irréprochable et justifier ses décisions de manière claire et documentée.

Une communication régulière sur les statistiques et les tendances des arnaques enregistrées pourrait également permettre de mieux comprendre l’évolution du phénomène et d’adapter en conséquence les mesures prises pour y faire face.

En définitive, cette loi visant à sécuriser l’internet ambitionne de prendre de front le problème des escroqueries en ligne, grâce notamment à la mise en place d’un filtre anti-arnaque intégré aux navigateurs les plus populaires. Reste à voir comment cette mesure sera concrètement appliquée dans les mois à venir, et quel impact elle aura sur la protection réelle des internautes.

Mehdi Bellatig

Master en Sciences Sociales
Expert en cybersécurité et lutte contre les fraudes et arnaques en ligne.
Co-créateur de la 1ère Intelligence Artificielle analysant la fiabilité des sites internet.
Co-fondateur technique de France Verif, le premier outil pour la sécurité numérique globale des particuliers.